ou comment survivre à l'amour by Elizabeth Lepage-Boily

Auteur:Elizabeth Lepage-Boily [Lepage-Boily, Elizabeth]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Québec, jeunesse
Éditeur: Les Intouchables
Publié: 2016-01-15T00:00:00+00:00

Chapitre 8

Pyjama party

Comme nous ne sommes pas de grandes fans de basketball (malgré ce que semblent croire mes deux camarades), nous décidons de quitter l’école quand nous considérons que notre besogne est terminée. Ayant des obligations ici et là, nous nous séparons pour le reste de la journée, mais Emilia (qui vient nous rejoindre une fois que tout le travail est terminé; typique Ortega) nous invite à la rejoindre chez elle quand nous nous serons libérées de nos engagements, pour une soirée de filles.

— On se met en mou, on regarde des films de filles et on mange des bonbons, suggère-t-elle.

Il faut savoir que, pour les filles, les vêtements mous possèdent des vertus thérapeutiques inouïes, et, lorsqu’on jumelle le pouvoir des joggings de coton gris et du t-shirt trop grand avec celui des friandises et des films d’amour prévisibles, on obtient une extase de la force d’un cyclone tropical.

Sandrine et Ellie s’excitent dès qu’Emilia mentionne la possibilité d’une soirée de filles. Et, évidemment, quand elle leur propose d’enfiler le vêtement le moins sexy de leur garde-robe pour venir manger des Fuzzy Peach, elles ne tiennent plus en place. Elles acceptent aussitôt l’invitation, avant même d’avoir consulté les autorités parentales. Personnellement, je sais que ma mère ne remarquera même pas mon absence de la chaumière, mais tous les parents ne sont pas aussi détendus que Sylvie (heureusement d’ailleurs; dans quelle société chaotique vivrions-nous si tous les parents avaient le laxisme de ma mère!?).

— Maude, tu seras responsable de notre programmation cinéma! précise Emilia.

— Maude, s’il vous plaît, des films des dix dernières années cette fois, fait Sandrine.

La dernière fois qu’on m’a demandé de choisir les films pour une soirée de filles, j’ai décidé de leur présenter Thelma & Louise et Breakfast at Tiffany’s. Mes amies n’ont pas du tout apprécié mes choix, même si ces films sont, dans mon esprit, des classiques indémodables. Il semblerait qu’à leurs yeux, les films que j’avais choisis étaient vieux et dépassés. Cette fois, elles prennent leurs précautions en me demandant de respecter une limite temporelle. J’accepte le défi, même si je les trouve un peu étroites d’esprit.

Lorsque vient le temps de nous quitter, Sandrine et Ellie repartent de leur côté et Emilia et moi de l’autre. Comme ma meilleure amie a encore droit au service de voiturier, j’ai la chance d’avoir à un lift jusque chez moi, une chose que j’apprécie tout particulièrement puisque la pluie s’est mise de la partie. Une fois arrivée devant chez moi, je remercie la mère d’Emilia de m’avoir reconduite et cours jusqu’à la porte d’entrée pour éviter de mouiller ma précieuse caméra et mes vêtements non imperméables.

Quand je me retrouve dans ma chambre, l’envie de m’étendre dans mes draps encore défaits est incontrôlable. Une sieste d’après-midi est un luxe que je me permets de temps à autre, quand la paresse s’empare de moi. Fermer mes yeux et m’enrouler dans une couverture en écoutant l’averse cogner sur la fenêtre de la chambre me procure un bien-être peut-être comparable à celui du linge mou, des bonbons et d’une jasette sur les garçons.

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